Océan et salade d’algues

23 août 2009 by

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Ça sent bon la mer. Les pieds calés dans des débris de coquillages pulvérisés s’accumulant depuis des lustres, l’océan s’offre devant nous dans toute sa nudité. Il y a d’abord cet horizon si vaste, encombré de presque rien mis à part quelques fois par le saut d’une baleine au loin. Et cette énorme place qu’a le Soleil pour rayonner de tout son arc. Il y a aussi ces vagues écumantes, bien plus fougueuses que celles mourant sur les plages des îles du golfe, léchant presque nos talons à marée montante si nous ne prenons gare à elles. Car ici, sur la côte ouest de l’île de Vancouver, c’est connu, c’est le paradis des surfeurs… mais j’ajouterais: …et des algues! Car en effet, quoique personne n’en tienne bien compte, ici viennent s’échouer un grand nombre de ces « herbes de mer » de tous genres, aux textures et couleurs variées, s’entassant en grands rangs serrés sur les berges, tels ceux de salades printanières dans un jardin fertile.

algues

Probablement inspiré par ces laitues gluantes, je m’adonnai à popotter cette salade que je vous présente aujourd’hui et à qui, je l’espère tant pour vous que pour elle, vous donnerez une chance de se montrer délicieuse à vos papilles et nutritive pour votre hémoglobine:

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SALADE D’ALGUES ET DE KALE AU SÉSAME

1 tasse d’algues Dulse (Petit-Goémon) trempées dans l’eau tiède puis rincées, entières ou coupées

1 tasse de Varech ou de Nori sauvage, trempées dans l’eau tiède puis rincées, entières ou coupées

2-3 feuilles de kale coupées en lanières fines puis attendries*

1 échalotte coupée finement

1/2″ racine de gingembre frais râpée ou finement émincée

3 cuil. à soupe de graines de sésame (beige ou noir)

1 cuil. à soupe d’huile de sésame rôti

1 cuil. à soupe de vinaigre umeboshi

1 cuil. à soupe de jus de citron

1 cuil. à soupe de persil frais hâché finement

1 pincée de cayenne (facultatif)

–> Incorporer tous les ingrédients dans un saladier de sorte à faire une salade bien homogène… que dire de plus!

*Technique d’attendrissement du kale: Placer les feuilles coupées dans un bol. Ajouter un peu de jus de citron (plus ou moins 1 cuil. à thé pour 5-6 feuilles) et 1-2 pincées de sel. Avec les mains, les masser pendant une minute sans trop les épargner, vous verrez qu’elles sont capables d’en prendre! Laissez les reposer 5 minutes environ puis recommencez à les masser quelques secondes. Voilà! Les feuilles devraient avoir pris une texture plus tendre, d’apparence légèrement cuites.

Cette salade est tellement riche en minéraux, vitamines et protéines que mes veines en palpitent juste après l’avoir ingéré! S’il est vrai que la texture et la saveur des algues ne fait pas le charme de tous, il reste qu’après les toutes premières bouchées, on risque d’y prendre goût! Le gingembre et le sésame rôti donne un caractère bien terrestre et chaleureux à ces verdures du fond de l’océan froid et mystérieux… À servir avec des légumes craquants ou des craquelins de lin par exemple.

tsunami

Confiture vivante de mûres à la lavande

14 août 2009 by

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Après la pluie bienfaitrice des derniers jours, les mûres dans certains bosquets sont grosses comme des cerises, explosent presque dans nos mains tendues entre les tiges épineuses tant elles sont heureuses d’être cueillies. Les voitures des locaux sont stationnées parfois sur des bords de routes escarpés, leurs bras en l’air, détendus et joyeux, leur pot de yogourt possédant l’agréable destin d’être rempli de la grande générosité de la nature.  Les pommes, les prunes et  les abricots sont là également… c’est le temps des confitures! Mais pour moi, quand je vois toutes ces personnes se ruer sur leurs pots mason poussiéreux pour les stériliser, cuire patiemment ces baies délicieuses dans l’espoir d’un hiver plein de couleurs sur leurs tartines, je pense aux kilos de sucre blanc qui seront malheureusement versés sur tous ces pauvres fruits. La santé vibrante empoisonnée au nom de la conservation… Je préfère de loin la congélation de toute cette abondance si je devais choisir. Et comme j’aime la confiture et que ces fruits frais me crient de venir à eux, je me suis adonné cette semaine à concocter cette « crufiture » de mûres:

CRUFITURE DE MÛRES À LA LAVANDE ET AU POIVRE

2 tasses de mûres écrasées à la fourchette

4 cuil. à soupe de sirop d’agave cru ou de miel non-pasteurisé

2 cuil. à soupe de graines de chia moulues

1 goutte d’huile essentielle de lavande bio (de bonne qualité, pas d’Adrien Gagnon ou de boutique indienne svp!)

1 pincée de poivre moulu

–> Mélanger tous les ingrédients dans un bol jusqu’à l’obtention d’une texture de confiture, le chia gélifiant le tout après quelques minutes de repos. Conserver en tout temps au réfrigérateur pour plusieurs jours (plus d’une semaine).

À savourer sur une crème de noix de coco glacée, dans des granolas vivants, du kéfir de noix ou simplement sur une tranche de pain de grains germés. Cette recette peut servir de simple inspiration pour vous, varier les fruits et les huiles essentielles/épices au fil de vos goûts et des produits disponibles en saison. Dans le cas des huiles essentielles, il sera important de vous informer préalablement sur le web à propos desquelles vous pourrez utiliser « en interne » en toute sécurité dans votre nourriture, spécialement si femme enceinte ou enfant il y a. Parmi les quelques unes que nous utilisons régulièrement  et parcimonieusement figurent la lavande, la rose, l’orange, le gingembre, l’ylang-ylang, la menthe, le basilic, le romarin… Je vous souhaite maintes créations et délectations!


mures - salt spring island

Lacto-fermentations, saveurs locales et Salt Spring Island

9 août 2009 by

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Salt Spring Island. La plus grosse île de l’archipel du sud du golfe de Georgie, juste entre Vancouver et Victoria. Je suis en amour avec l’endroit. Non seulement le cadre dans lequel l’océan se révèle est superbe mais la nature y est spécialement magnifique, l’île située en pleine zone des Rainforests. Nous sommes hébergés sur une ferme/communauté travaillant en permaculture et qui est axée sur l’éco-foresterie, donc de l’usage et la gestion écologique et raisonnée de la forêt. Certains arbres y sont énormes, parmi les plus gros et grands que j’aie eu la chance d’admirer jusqu’à maintenant. Et si l’île est si belle, c’est aussi parce que les gens que j’y ai rencontré et qui y habitent sont si gentils, ouverts, hospitaliers, colorés, chaleureux. Je n’ai jamais vu d’endroit aussi riche en vie alternative. C’est presque un rêve pour un grano tant il y a, d’une manière concentrée sur l’île toute entière, de fermes biologique ou de communautés alternatives, de centres de méditation ou de yoga, de cafés bio et équitable, de marchés locaux. Au bord des routes, des kiosques aux fruits, légumes ou oeufs à vendre se succèdent, quoique pourtant inhabités… puisqu’ici la coutume est de venir se servir soi-même et, en toute honnêteté, de mettre les sous nécessaires dans une boîte (souvent non-cadenassée) à même le kiosque. Les gens ici semblent se faire confiance, les vitres des voitures baissées en plein stationnement de centre d’achat, les ordinateurs portables laissés sans surveillance sur la table d’un café pendant plusieurs dizaines de minutes, les vélos déposés simplement sur le côté d’un commerce. Ici, « faire du pouce » est d’usage courant par on dirait tout le monde, un moyen de se rendre à son lieu de travail sans crainte d’arriver en retard, la moyenne d’attente est apparemment de 2 minutes maximum pendant le jour. Un paradis parfait pour l’alternatif? Le seul bémol est de l’ordre pécunier: tout est extraordinairement dispendieux.

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Sur la ferme, nous partageons presque tous les moments avec nos amis Andrew et Chaylene ainsi qu’une autre gentille wwoofeuse britannique du nom de Hannah. Ensemble, nous avons passé de très beaux moments depuis notre arrivée mardi dernier, ce relent de sociabilité nous fait le plus grand bien après notre dernière étape difficile sur l’île de Galiano (voir article précédent). Dès notre arrivée, plusieurs opportunités se sont offertes à nous, des rencontres se révélant savoureuses et pouvant porter fruits se sont montré le bout du nez… Parmi les belles personnes dont nous avons fait connaissance, Luba, lumineuse créatrice de gourmandises vivantes rencontrée au marché local du samedi et avec qui nous risquons de rester en contact pour l’organisation d’un potluck cru avec la communauté crudivore de l’île.

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Avant la parenthèse sur Galiano il y a eu notre dernier moment à Stellar Seed qui fut des plus spécial: Un potluck ayant comme thème « ingrédients provenant de moins de 100 pieds du lieu de préparation du plat cuisiné ». En effet, consommer localement avec « The One Hundred Mile Diet » devenant de plus en plus populaire un peu partout en Amérique, nos hôtes ont trouvé intéressant d’organiser un événement avec une distance encore plus courte de 30 mètres environ, se voyant donc pratiquement s’arrêter aux limites des jardins ou fermes des participants. Ainsi, des tablées de salades diverses, bouchées aux herbes, tartes salées, viandes préparées, maïs sucré, pains frais, cidre maison, bières, fruits et dessert, furent avalées avec entrain par une cinquantaine de personnes venues des fermes bio voisines. J’y avais bien sûr préparé quelque chose de cru, une recette que j’avais anticipé plusieurs jours à l’avance et qui fut élaborée presqu’à 100% avec des ingrédients du jardin adjacent à notre chambre:

kimchi

KIMCHI ou LACTO-FERMENTATIONS ÉPICÉES

La fermentation lactique (pourtant possible sans lait!) est un procédé naturel par lequel des bactéries amies, de l’ordre des probiotiques, transforment les glucides de certains légumes en acide lactique, leur permettant ainsi une meilleure assimilation de leurs éléments par notre système digestif et une conservation accrue. Comme pour le yaourt ou le kéfir, ces aliments deviennent des alliés de choix pour notre flore intestinale. La choucroute est le meilleur exemple de ce type de fermentation. Cette version inspirée du Kimchi, célèbre lacto-fermentation coréenne, demande de 4 à 6 jours aux bactéries lactiques pour fermenter les ingrédients ci-bas, le miso non-pasteurisé servant de culture active de départ:

Matériel:

-un grand bocal à cornichon d’un gallon (ou si plus petit bocal, couper les quantités de la recette pour obtenir les bonnes proportions);

-un plus petit bocal (ou un verre) rempli d’eau pure possédant un diamètre légèrement inférieur au goulot du grand bocal;

-un pile-patate;

-un grand bol ou bac, couteau, planche à couper

-un tissu propre ou coton à fromage

-Une pièce tempérée entre 20C et 25C

Ingrédients:

2 choux verts moyens coupés assez finement (garder entière au moins une grande feuille extérieure de l’un d’eux, conserver de côté)

6 carottes râpées ou en rondelles très minces

2 oignons tranchés finement

2 poivrons jaunes, oranges et/ou rouges coupés en lamelles

6-8 gousses d’ail broyées

3-4″ de gingembre frais émincé finement

2 cuil. à thé de miso non-pasteurisé

3 cuil. à soupe de sel de mer

2-3 pincées de chacune des épices suivantes:  graines de carvi, de coriandre, de moutarde, poivre noir en grains, cayenne


–> Dans un grand bol ou un bac, mélanger tous les ingrédients. Avec des mains propres, masser les légumes vigoureusement pendant le brassage. Laisser reposer une quinzaine de minute puis brasser quelque peu à nouveau. Commencer à remplir le grand bocal du mélange en tassant fermement le tout à l’aide du pile-patate à chaque 3″ environ. Le jus des légumes devrait commencer à monter au fur et à mesure du tassage. Arrivé jusqu’au début des « épaules » du bocal, -lorsqu’on les presse,- les légumes devraient être complètement sous le niveau du liquide extrait par le tassage. Placer la grande feuille extérieure de chou que l’on avait réservée sur le mélange, à l’intérieur du bocal, afin de former un genre de couvercle touchant les légumes. Mettre ensuite le plus petit bocal (ou verre) rempli d’eau dans le goulot du grand bocal, afin de créer un poids servant à conserver en tout temps le mélange et sa feuille de chou sous le niveau du liquide. Dans une pièce tempérée (20-25C), recouvrir le tout d’un tissu propre ou d’un coton fromage afin de s’assurer qu’aucune bestiole n’ira s’y noyer ni poussière s’y déposer. Laisser fermenter tranquillement tout ce beau monde pendant 4 à 6 jours en prenant soin de ne rien déranger des bocaux ou du mélange mis à part de venir renifler quotidiennement l’évolution aromatique de la fermentation. Vous pourrez constater qu’à chaque jour, le kimchi prendra une odeur de plus en plus vinaigrée, ce qui est tout à fait normal. Une bonne ventilation du lieu pourrait être nécessaire surtout si la pièce est habitée pendant le jour (ou la nuit) et que l’odeur vous déplaise quelque peu… Après les jours écoulés, mettre le tout au réfrigérateur (en fermant le couvercle du bocal ou en transférant le tout dans des plus petits bocaux mason fermés de leurs couvercles) afin de stopper la fermentation. Consommer immédiatement ou conserver pour plusieurs mois à condition de conserver le tout au frigo en tout temps.

kimchi_jars

Une image d’un autre blogueur épris de fermentation juste pour vous montrer l’idée « du mélange sous le liquide » et « du p’tit bocal dans le grand pour faire du poids »… les élastiques ne m’ont jamais été nécessaires dans le passé mais pourquoi pas?

Petite retraite sur l’île de Galiano et Canellonis crus

6 août 2009 by

Pendant UUUUNE SEMAINE vous n’avez pas eu de nos nouvelles, aye aye aye! Quelles mésaventures a-t-il bien pu nous arriver!? Hé bien, imaginez-vous donc qu’il ne s’est rien passé de bien spécial. Au contraire, la région que nous visitions étant d’un calme plat, il nous a fallu un peu plus de temps pour collecter de quoi faire un article!

Fraser Valley

Dimanche dernier nous avons quitté nos  nouveaux amis et bien aimé foyer à Stellar Seeds pour reprendre la route vers les îles du Golfe. Heureux de retrouver la fébrilité de l’aventure, tristounets de quitter des gens avec qui nous avons développer de merveilleux liens, un paysage magnifique nous attendait dans la vallée Fraser. La route nous a pris un peu moins de 7h. Une fois dans les alentours de Vancouver, nous en avons profité pour visiter une amie rencontrée au Kootenay Lodge and Farm et partager avec elle les derniers vestiges crus que nous transportions du jardin de Stellar Seed. C’est là que nous avons fait la découverte de ce qui sera l’UNIQUE dérrogation à la vocation alimentaire de ce fraser Valleysite, la meilleure crème glacée jamais goutée!! Non seulement elle n’est pas crue mais elle n’est pas non plus italienne et ne contient pas de lait! C’est une crème glacée fait à partir de crème de coco, offert par la marque So Delicious. On peut l’acheter en petit contenant seulement et ne croyez surtout pas que vous en aurez pour plus d’une consommation. À deux, nous avons mis 15 minutes à tout consommer (la température menacant de tout faire fondre plaide pour notre manque de tempérance).

De là, nous avons pris le ferry pour nous rendre sur l’île de Galiano, où nous attendaient nos prochains hôtes, Diana et Richard. Quel contraste avec les dernières semaines….un couple plus agé, une petite maison (un petit chalet rallongé d’une partie en paille et terre) sur une colline perdue dans les grands arbres et les chevreuils, un jardin pour leur consommation personnelle, une petite serre et quelques poules. L`île étant isolée, l’eau est limitée et il en coute 7$ pour faire rammasser un sac de poubelles. Les premiers jours nous ont été un peu difficiles. Il y a une manière de faire maximiser toutes les ressources et la nourriture nous semblait rationnée. Mais rapidement nos hôtes se sont laissés apprivoiser par nos suggestions crues et ont fini par nous demander de cuisiner le plus possible avant notre départ. Voici une des recettes qui les a enchantés :

crunellonnis

CRUNELLONIS

Les « pâtes »:

Un gros zucchini

4 c à s de vinaigre de cidre de pomme

2 pincée de sel

–>Trancher le zucchini sur le long en minces tranches. Bagnigeonner les tranches de vinaigre et soupoudrer de sel. Laisser dégorger 1h ou plus, jusqu’à ce que les tranches soit assez souples pour être roulées

Rapido Pesto:

1 tasse de basilic frais

3-4 gousses d’ail

2 cuillères à soupe d’huile d’olive

1/3 t de tomates séchées trempées

–>Placer tous les ingrédients dans le robot culinaire et réduire en purée

Fromage de noix

¾ t noix de macadame

1/3 t graines de chanvre

2 c à soupe de jus de citron

2 c à thé de miso cru (riz brun)

1 c à soupe d’huile de pépins de raisin

Eau pour la consistance désirée

–>Placer tous les ingrédients dans le robot culinaire et réduire en purée. Ajouter de l’eau pour obtenir une pâte légère mais consistante. Si la purée est trop liquide, elle coulera facilement hors du crunelloni, ce qui n’est pas l’effet désiré.

Assemblage

–>Étendre un peu de pesto sur tout le long d’une tranche de zucchini. Sur une extrémité seulement, placer une c à thé de fromage de noix. Rouler la tranche et présenter comme un sushi ou couché sur le côté si votre crunelloni a tendance a se dérouler.

plage Galiano

galiano-dan-foret

Bien davantage qu’une découverte pour ses paysages, Galiano fut pour nous un deuxième Vipassanna. Reclus dans notre caravan, moins stimulés par notre environnement, nous avons été amenés à bien des réflexions : pourquoi ce voyage? Jusqu’où sommes nous prêts à aller pour voyager longtemps avec peu d’argent? pourquoi travailler pour les autres? sur le jardin des autres? qu’est-ce que l’on a vraiment envie de vivre ici et maintenant? Vivre d’abord, jouïr de la vie et se laisser porter par le courant, au fil des paysages, des belles rencontres. Puis vivre le cru, l’expérimenter à fond et dans toute sa diversité à travers l’Amérique pour nous inspirer. Est-ce que le Wwoofing nous permet encore de faire cela en ce moment? Nous commençons à en douter… C’est ainsi que nous réorientons nos flûtes et que le reste du voyage sera, si l’on tient nos résolutions, un peu différent.

Déjà après une semaine sur Galiano, nous étouffons et avons envie de goûter à cette nouvelle liberté que nous avons décidé de nous accorder. Nous prenons donc le ferry vers Saltspring Island, une île plus grosse, plus achalandée, regorgeant de surprises pour vos deux voyageurs.

un ptit coucou de nous

Chutney aux abricots et tamarin

25 juillet 2009 by

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Notre séjour sur la ferme de Stellar Seeds s’achève dans quelques jours. Trois semaines de sécheresse  à désherber et récolter maints légumes dans des rangs dignes des kibboutz les plus pittoresques, à partager et à apprendre avec des personnes délicieusement inspirantes, à vraiment bien manger, à expérimenter et créer de nouvelles recettes crues. Les derniers jours nous ont forcés à nous lever même avant l’aube tant la chaleur accablante de l’après-midi était intense. À 5h du matin, on découvre que tout est si calme, que le sol poussiéreux revêt, malgré les dernières semaines sans la moindre goutte de pluie, une fraîcheur exsudée magiquement des tréfonds terrestres par les plantes pendant la nuit.

Si plusieurs fermiers sont désespérés par cette bouderie céleste, les puits artésiens ne fournissant plus la demande en irrigation, l’abondance estivale est tout de même en pleine effervescence: Après l’époque des fraises, cerises et verdures variées,  c’est maintenant l’essor des groseilles, cassis, framboises, abricots, maïs, carottes, tomates, poivrons, choux et bien d’autres, bien d’autres à venir, à quotidiennement bénir notre table de leur présence bienfaitrice. Nos sessions de « crudinage » s’en trouvent exponentiellement rehaussées en variété et fraîcheur, c’est tout simplement trippant.

Je vous en partage ici une douce recette, à la préparation ridiculement facile, née tout juste de cet élan que l’été nous apporte:

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CHUTNEY AUX ABRICOTS ET TAMARIN

Le chutney est habituellement un condiment à base de fruits, de légumes et d’épices, légèrement sucré et vinaigré, qui a la fonction d’accompagner des plats salés afin de contribuer à l’équilibre des saveurs. Cette version née de l’assemblage des produits locaux et saisonniers (et de l’hémisphère droit de ma masse cérébrale…!) sait marier le fruité de l’abricot, du tamarin et du vinaigre balsamique aux parfums puissants et gourmands de l’ail et du romarin. À servir aux côtés de bouchées aux noix ou au sésame, de pilafs, de craquelins vivants servant à monter des hors-d’oeuvres, tartes salées, etc… Il se conservera facilement une bonne semaine au réfrigérateur.

12 abricots frais

2 cuil. à thé de pâte de tamarin (ou la chair d’environ 4 gousses) -peut être trouvé dans les marchés asiatiques ou indiens-

2 gousses d’ail moyennes broyées

1/2″ de gingembre frais haché finement

2 cuil. à soupe de sirop d’agave cru

2 cuil. à thé de vinaigre balsamique

1/2 cuil. à thé de jus de citron

1 pincée de sel de mer

6-8 feuilles fraîches de romarin -roulées délicatement entre les doigts afin d’en extraire les huiles essentielles volatiles-

–> Masser doucement les abricots frais au préalable s’ils ne sont pas assez mûrs. Couper ces derniers en fines lamelles à l’aide d’un bon couteau. Dans un bol, incorporer les autres ingrédients aux abricots et masser le tout avec les mains (quel plaisir!) ou à l’aide d’une spatule afin que se lient les différents éléments. La consistance peut être ajustée avec un peu d’eau pure au besoin, tout en sachant que la texture désirée ressemblera plutôt à celle d’une confiture épaisse qu’à une sauce liquide. Laisser reposer quelques heures au réfrigérateur avant de servir.

N’hésitez pas à nous laisser vos commentaires, nous aimons tellement ça avoir de vos nouvelles et connaître vos impressions!

À très bientôt j’espère! :)

Bronzage, pieds sales et croquettes aux noix

18 juillet 2009 by

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Par où commencer tant il y a de choses à dire? Tant de micro-détails se sont manifestés depuis mon dernier billet! « Keep it simple », me dis-je… D’abord, il y a eu des sessions intenses de désherbage et de récoltes. Il y a eu , y a encore maintenant et y aura apparemment pour les jours à venir, ce Soleil, intense, brûlant, cuisant nos chairs à longueur de journée dans les rangs de légumes (pas de pluie ici et des 35C à l’ombre toute la dernière semaine), ce plaisir retrouvé de marcher pied nu sur la terre grasse, de suer, d’avoir les cheveux gras et de s’en foutre… de devenir un « Dirty Organic Farmer » comme ils disent ici! Mes muscles se tonifient enfin, je retrouve des allures de mes années pré-citadines, ça fait du bien de se sentir homme à nouveau. Côté bouffe, la grande ouverture de nos hôtes, Patrick et Colleen, envers l’alimentation vivante fait que nous mangeons beaucoup mieux, cru et frais du moins. En fait, presque tout vient du jardin (même la bière – la microbrasserie bio Crannog Ales étant située à même la propriété -!) mis à part des fromages et pains produits localement. Nous nous pratiquons beaucoup à « crusiner », si ils n’étaient pas eux-mêmes des « Poor Organic Farmers », ils ne cessent de dire qu’ils nous embaucheraient assurément juste pour faire la popotte tant ils aiment ce que nous leur concoctons au fil des jours. D’ailleurs, plusieurs nouvelles recettes et projets sont nés au cours des derniers jours (voir recettes plus bas). Nous nous promettons de vous partager tout cela dans nos articles à venir.

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Laitue s’apprêtant à fleurir (à gauche)/ pavots, brocolis, poireaux pour semences (à droite)

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Patrick et Colleen devant une tablée de nos créations vivantes

Si le corps va donc beaucoup mieux, il en est de même pour mon esprit. Depuis le Vipassana, la digestion de tout ça s’est avéré fructueuse. Le silence et l’espace dans ma tête fait du bien. Le coeur s’ouvre chaque jour toujours encore plus, la respiration devient plus profonde. Je trouve que la nature aide beaucoup pour ça. Je redécouvre également avec beaucoup de joie et de gratitude les enseignements d’Eckhart Tolle, un rappel à l’acceptation inconditionnelle de l’instant qui se présente à chaque seconde. Sans résistance, la Vie s’occupe de tout, il ne reste qu’à se laisser porter en observant ce film qu’est l’existence et que l’on prend trop souvent sérieusement. Peut-être penserez-vous qu’il est plus facile d’embrasser « ce qui est » lorsque l’on est en vacances? Oui mais non. Grosses ou petites, des tensions intérieures, y’en a incessamment où que l’on soit, je peux vous l’assurer!

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La récolte de l’ail et son séchage

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Véronique récoltant le basilic pour le marché fermier du lendemain

Après des sessions intenses de désherbage, la récolte de milliers de bulbes d’ail a tiré tout notre jus au cours des derniers jours. Stellar Seeds produit annuellement plus de 20 différentes variétés d’ail biologique avec des noms tels que Georgian Fire, Joe’s Artichoke ou Russian Red pour le marché fermier local et pour les deux « Garlic Festivals » prenant place annuellement en Colombie-Britannique. En plus des dizaines de variétés de légumes et petits fruits que nos hôtes vendent également au « Farmers Market » du samedi matin, Patrick et Colleen cultivent avec, je trouve, une grande humilité et expertise, environ 200 variétés de semences biologiques. En constatant par moi-même à quel point ils prennent soin de leurs cultures et la sélection minutieuse de leurs plants-mères, je conseille véritablement à tout jardinier de se procurer ses futures semences de jardin via leur site web. À voir aussi comment ils ont commencé de rien et comment leur entreprise grandit, ils nous donnent l’envie et le courage de continuer à nourrir les projets qui nous attendent de retour chez-nous. Parlant de ça, voici donc une de mes dernières improvisations:

croquettes-noix-sauce-verte

Croquettes de noix et légumes du jardin (donne environ 8 escalopes)

2 tasses de noix de grenobles grossièrement hâchées

1/2 tasse de graines de lin moulues

1/2 tasse de tomates séchées préalablement trempées puis coupées

1 poivron rouge, jaune ou orange coupé en petits dés

1 carotte râpée

1 oignon vert (échalotte) hâché

4 brins de persil hachés

2 gousses d’ail broyées

2 cuil. à soupe d’huile d’olive

2 cuil. à soupe de sauce Bragg ou sauce tamari

1 cuil. à thé de graine de coriandre moulue

1 pincée de poivre , de piment de cayenne et de sarriette

un peu d’eau pure (au besoin) pour l’obtention d’une texture collante pas trop liquide

–> Mélanger d’abord tous les ingrédients sauf l’eau que l’on ajoutera graduellement en dernier pour obtenir la consistance collante et pas trop liquide. Façonner des boulettes de la forme désirée avec les mains (propres! :). Passer à l’étape suivante en les roulant dans la panure:

Gomashio vivant

1/4 de tasse de sésame décortiqué (blanc) moulu grossièrement

1/2 cuil. à thé de sel de mer

quelques gouttes d’huile de sésame rôti (j’le sais, c’est pas cru…)

–> Bien mélanger et that’s it!

Déshydrater les croquettes pendant une dizaine d’heures à 105F en les tournant de bord à mi-course (pas de feuilles teflex nécessaires normalement si la texture est assez ferme). Avant de les savourer nature, vous pouvez céder à la tentation de les napper de cette sauce également sortie de mon imagination:

Coulis rafraîchissant au citron, au basilic et à l’ail

3 feuilles de bette à carde

2 tasses de feuilles de basilic fraîches

1 cuil. à soupe de beurre de cajou ou de macadame

4 cuil. à soupe d’huile d’olive

3 cuil. à soupe de jus de citron

4 gousses d’ail

sel et poivre (au goût)

–> Passer tous les ingrédients au mélangeur jusqu’à leur réduction en purée crémeuse.

Ce qui est merveilleux avec le cru c’est que, même par une journée ultra-chaude comme celles que nous avons connues, tout est rafraîchissant, même ce qui est plus consistant. Accompagnées d’une salade de roquette, ces croquettes furent un véritable régal. Bon appétit et à bientôt!!!

 »Tartelettes soleil express » et  »salade kale et framboises »

18 juillet 2009 by

Nous profitons de cet après-midi débordant de soleil et de chaleur pour vous en envoyer un peu, pour que vous ne pensiez pas que nous gardons tout le beau temps pour nous.

TARTELETTES SOLEIL EXPRESS

Ces petites tarlettes sont d’une simplicité déconcertante et tellement délicieuses que vous en oublierez la pluie! En tout et partout, j’ai mis 30 minutes à les confectionner et ce, tout en composant la recette.

Croûte:

– 1 t graines de lin mouluestartelettes soleil express

– 1/2 t de graines de chanvre ou noix de grenoble

– 3 c à t de cannelle

– 4 c à s de raisins secs trempés

– 2 c à s de beurre de coco

– 3 c a s de miel (non pasteurisé, non chauffé idéalement)

Mélanger le tout et séparer en 6 boulettes. Les aplatir en un cercle d’environ 2 » de diamètre et former un petit rebord pour contenir les fruits. Placer au congélateur pendant que vous préparer la suite.

Garniture:

– 3/4 t du fruits de votre choix réduit en purée (pommes, framboises, fraises, bleuets, abricots, pêches….. nous avons opté pour une version aux pommes et une aux framboises)

Optionnel, mais vous en voulez c’est sûr:

fromage de noix vanillé

– 3/4 t noix de grenoble

– 1 c à t jus de lime

– 2 c à s sirop d’agave

– 1 c à t vanille ou 1 gousse de vanille

– sel

– 2 c à s d’eau

Réduire le tout en purée dans le robot culinaire

Assemblage:

– Placer une c. à thé de fromage de noix sur chaque tartelette puis garnir généreusement de purée de fruits. Pour la version sans fromage de noix, verser simplement la purée de fruits à l’intérieur de la tartelette et déguster!!

SALADE KALE ET FRAMBOISES

Rafraîchissante et sucrée, cette entrée que Daniel a spontanément créée est presqu’un dessert! Nous nous sommes même rendus compte qu’en la laissant macérer avec les framboises pendant quelques dizaines de minutes, les parfums s’exhalant des fruits rendaient à toute la salade des notes de jujubes tout droit sortis de notre enfance… tout en faisant  »passer » les feuilles hautement chlorophyllées du kale qui nous auraient rebutées jadis!

salade kale et framboises– 6-8 feuilles de kale noir (dinosaure)

– 3/4 t  de framboises

– 1 poignée d’amandes hachées grossièrement

– 1/4 c à thé  de sel de mer

– 1 1/2 c à s de jus de citron

– 1 c à thé d’huile d’olive

– 2 c à thé de sirop d’érable

– 1/4 de pouce de gingembre frais haché très finement

– 1 c à thé de bragg ou tamari

Couper en lanières les feuilles de kale et les masser à la main avec le sel et jus de citron pendant une minute. Laisser reposer 10 minutes puis recommencer à masser une minute. Ajouter l’huile, le gingembre, la sauce bragg et le sirop d’érable, bien mélanger. Complèter avec les framboises et les amandes avant de servir!

Production de graines, pesto cru de fleurs d’ail, restriction alimentaire, alouette!!

12 juillet 2009 by

Stellar seedsAprès maintenant quelques jours depuis notre sortie du centre de méditation, nous sommes complêtement revenus sur le plancher des vaches (expression un peu mal adaptée à notre situation, on devrait plutôt dire le plancher des cerises, des fraises, des framboises….). Nous sommes arrivés sur la ferme qui sera notre maison pour les prochaines 2 semaines, la ferme de Stellar Seeds, spécialisée dans la production de graines de légumes bio et de fleurs (il est d’ailleurs possible de se procurer leur graines du Qc!). Quand on nous a annoncé que nous devions travailler 8 heures par jour, nous étions un peu perplexes, le double de ce que nous faisions sur l’autre ferme! Finalement, forts de nos 10 jours assis sur notre popotin, les journées passent à une vitesse phénoménale J Le travail est varié et nous sommes toujours au moins en pair pour pouvoir jaser et apprendre davantage: désherbage, transplantation de laitues, taillage de plants de tomates, cueillette de légumes varié et de fines herbes pour vente au ‘Farmers market’. Le tout est fait à relativement petite échelle mais bien structuré, comme la ferme roule depuis 8 ans maintenant…. reste que déjà mes mains se transforment en quelques membres rugueux et douleureux (en attendant d’être musclés), labourant la terre, arrachant chiendents, chardons, chénopodes, amaranth… Heureusement, il y a le lac Shushwap à 15 minutes de marche, qui est un baume pour l’extérieur comme pour l’intérieur. La température dans la région est parfaite (sans vouloir provoquer qui que ce soit) ni trop chaude, ni trop froide et avec très très peu de pluie. En fait les nuages semblent éviter la vallée, ils nous entourent souvent mais nous survolent rarement!

 du soleil plein la face

 Notre première journée de travail fut marquée par l’anniversaire de Patrick, le propriétaire de Stellar Seed. À cette occasion, un Potluck fut organisé avec plusieurs de leurs amis et fermes bio du coin. Tous autour du feu en début de soirée, nous avons déguster plein de petits délices dont cette magnifique trempette à la fleur d’ail, composé par notre hôtesse, Coleen, et adaptée ici pour le cru. Elle se mange et se présente un peu comme une guacamole mais ravit nos papilles par sa singularité.

Pesto vivant à la fleur d’ail :fleurs d'ail

1 tasse de noix de pin et/ou noix de grenoble

¼ lb de fleurs d’ail (avec la tige)

3 c.à table de jus de citron ou de lime

½ t d’huile d’olive extra vierge

sel

Dans un robot culinaire, mettre en purée les fleurs d’ail et les noix avec l’huile d’olive. Ajouter les autres ingrédients et bien mélanger.

Servir en trempette pour légumes, craquelins ou même sur des zucchinis en juliennes (comme des pâtes).

 

À la découverte de la restriction alimentaire

Un de nos petits plaisirs ici est que nous devons à tour de rôle préparer le repas et nous avons bien l’intention de leur faire découvrir un peu plus de cru pendant que nous y sommes. Oui nous aimerions en manger plus de ce cru, qui nous manque un peu alors que nous nous trouvons en période d’abondance de kale, bette-à-carde, laitue, carrottes et fruits de toutes sortes. Tout de même,  à la ferme comme au centre de méditation, la présence de cette ‘contrainte’ m’a permis d’explorer un aspect intéressant d’une l’alimentation saine et consciente : la restriction alimentaire. Ce qui m’a plu au premiers abords du cru c’est la sensation de légèreté après le repas, pas de baisse d’énergie, pas d’envie de faire la sieste, juste du bon carburant pour continuer la journée et même se sentir de mieux en mieux au cours la journée.

Durant notre cours de 10 jours, nous n’avions pas accès à beaucoup de légumes crus mais ne pouvions manger que 2 fruits et un thé après midi, au souper. Il était fortement déconseillé de manger 2 ou 3 assiettes pour compenser au déjeuner et au dîner. L’idée est de garder l’esprit clair pour la méditation mais aussi de maximiser notre métabolisme entier (assimilation des nutriments/ répartition de la dépense énergétique, regénération du corps, gestion et élimination des toxines….lorsque le corps est libre de toute tâche de digestion, il peut vaquer à une foule d’autres activités). Je me suis prêtée au jeu un peu sceptique d’abord, pour constater que ce régime me ravit! D’abord à chaque repas, il faut s’arrêter avant la satiété. Saviez vous que le message qu’envoie l’estomac au cerveau pour dire qu’il est plein prend 10 à 15 minutes pour faire la route?! Si vous mangez encore lorsque vient la satiété, il est donc déjà trop tard. À 2/3 plein, c’est parfait, dur mais parfait. Et pourquoi c’est si dur de s’arrêter? Et bien il faut se demander à ce moment pourquoi on mange! Pour nourrir le corps et lui amener ce dont il a besoin pour fonctionner? Ou plutôt parce que c’est bon et qu’on en veut encore plus? ….le réconfort que l’on trouve dans la nourriture est immense, il faut bien le reconnaître. Et si on regarde consciemment l’inconfort en nous qui nous mène à manger plus, il est déjà moins inconfortable. Et notre corps s’en trouve beaucoup mieux dans les heures qui suivent l’ingestion.

D’où vient l’idée de manger très légèrement voir pas du tout au souper? La médecine chinoise traditionelle et l’ayurvéda considère respectivement que le feu digestif de l’être humain est à son plus fort entre 6h am et 10h am et entre 10h am et 12h am. Après 6h pm, il est à son plus faible. Lui envoyer un t-bone au souper résultera en une nuit moins reposante et regénératrice pour nos cellules comme toute l’énergie sera monopolisée par la digestion. J’avais lu tout ça il y a déjà quelques temps mais d’en faire l’expérience a beaucoup plus de valeur. Ceux qui me connaissent sont au courant de ma ‘petite nature’ et de mon attachement au sommeil loooooooong, le plus long possible, 9 à 10 heures idéalement. Et bien, durant le Vipassanna, je dormais entre 3 et 6 heures par nuit. Si d’habitude je me serais transformée en loque humaine, j’étais complêtement radieuse et rafraîchie! Oui l’attitude et la transformation de mes programmations mentales y jouent un rôle mais la nourriture est, j’en suis convaincue, un élément important. J’ai remarqué très rapidement que cru ou cuit, si je mange trop ici, à la ferme, je suis beaucoup moins dynamique et légère durant la journée et ma nuit semble lourde et peu satisfaisante.

 Mais surtout ne me croyez pas sur parole et faites-en l’expérience, comme le répète souvent M. Goenka. Il n’y a rien comme l’essai pour trouver ce qui nous va le mieux à nous, après tout, nous sommes tous uniques!

la ferme

« Désert » et « fertilité »

7 juillet 2009 by

sapin au soleilLes rayons du Soleil cuisent doucement les aiguilles d’un sapin aux parfums exquis

Non, Véronique n’est pas enceinte. Je voulais dire par « fertilité », en opposition au pseudo « désert » de l’Okanagan que nous avons traversé avant de nous rendre au Centre de méditation Vipassana, que nous baignons maintenant, au jour où je vous écrit ces lignes, dans toute l’abondance et la profondeur des expériences que nous avons pu faire assis en tailleur pendant les 10 jours de la retraite. Pendant plus de 10 heures par jour, en silence complet, sans contact avec qui que ce soit entre nous, nous avions la mission de simplement observer les sensations dans notre corps, notre propre respiration, au fil des directives des enseignants. Réduire en mots ce qui s’est vécu là-bas serait fort réducteur de toutes les expériences si intenses dont mes cellules bourdonnent encore. Je me limiterai à dire que ce fut parmi les moments les plus intenses de ma vie, du moins intérieurement parlant. « Obligé » à descendre dans les profondeurs où l’on ne veut guère s’aventurer habituellement, de se lier d’amitié avec des sensations que l’on repousse normalement, voir qu’elles ne sont qu’énergie, impermanentes, éphémères, inoffensives malgré leur  apparence trop souvent terrible, qu’elles sont constituées de la même nature que celles que l’on aime, celles que l’on désire, celles qui nous rendent fébriles jusqu’à nous pousser à la dépendance. Tout cela se passe dans notre corps, via ce mental fou de réactions, en dépendant en fait pour sa propre survie illusoire. Observer cela en toute objectivité, sans réagir, sans étiqueter telle ou telle perception. Sentir l’expérience avec toute notre présence, en toute ouverture. Voilà ce qu’il faut maintenant continuer à pratiquer dans cette vie qui recommence à être trépidante, à la sortie de la clôture à ours électrifiée du Centre isolé de toute distractions. Et ce n’est pas facile.

Une impression de décor de film western me vient en regardant « le monde » depuis ces jours de claustration. Tout semble stable et permanent, on aimerait tant le croire, mais rien de cela n’est vrai: Un continuel mouvement d’atomes, sans aucune densité réelle, uniquement pure énergie. Rien n’est saisissable, la naissance et la mort passe des milliers de fois à la seconde. Du point de vue du « petit moi », celui qui se croit être « quelqu’un », celui qui s’acharne à s’agripper au flot, c’est terriblement effrayant. Mais si on s’abandonne à cela, par l’expérience réelle dans notre corps, non de concepts intellectuels superficiels, en acceptant vraiment ce vide inévitable et infini sous nos pieds, cette impermanence de tout ce que l’on croit ou espère « durable », la libération est merveilleuse au-delà de toute imagination. L’effleurement de cette libération m’a à certains moments fait trembler, à d’autres dissoudre de légèreté.

osoyoos

Osoyoos et son « désert » vu d’en haut du versant Est

Bon, toujours est-il que parlant de décor western, pour rester pour ainsi dire sur le plancher des vaches, déblatérons « désert ». L’Okanagan est sec et aride mais ce n’est pas un désert comme nous espérions le découvrir. Des vignobles et des vergers de fruitiers plantés dans le milieu d’une terre certes inhospitalière sans les tonnes d’eau qui y sont irriguées artificiellement. Des versants et vallées rappelant la vibe de l’Arizona ou de la Californie. Beaucoup de retraités, des grosses baraques et un feeling de consommation de l’espace un peu troublant. La saison des récoltes est commencée, quoiqu’en retard cette année à ce que l’on peut entendre, les jobs de « picking » que les Québécois attendent aux côtés des Mexicains et autres Latino-Américains afin de s’arracher les quelques postes de monteux d’échelles. Nous avons savouré déjà de merveilleuses framboises, cerises et fraises locales, ces dernières parmi les meilleures que j’aie goûtées, sans compter les petits-pois tout dodus du soleil et de l’eau qu’ils ont bus. Il n’y a pas à dire, monde illusoire ou pas, l’impermanence de ces choses canalise des saveurs délicieuses!!! Merci la Vie.

okanagan

Vallée de l’Okanagan, un contraste frappant de végétations différentes

Dans quelques heures à peine nous rejoignons nos prochains hôtes Wwoof, Stellar Seeds, à Sorrento dans les Shuswap. C’est une ferme maraîchère et de production de semences biologiques. Nous devrions y être pour les deux prochaines semaines. On vous tient au courant des découvertes et expériences qui s’annoncent, c’est promis! Alors à très bientôt!

Bye bye les Kootenays!!

22 juin 2009 by

La fin de notre séjour au Kootenay Logde & Farm fut marquée par l’arrivée de plusieurs gens en l’occasion d’un Open House tenu par nos hôtes. Le but de l’événement est d’attirer de nouveaux habitants pour se joindre à la communauté et débuter une fois pour toute ce grand projet. Une foule d’activités ont été organisées, des plus mémorables sont le potluck, le spectacle des enfants suivi du feu de camp et la méditation avec un grrrrrros bol de cristal. Il fut intéressant de voir la diversité des personnes qui se sont présentées, connaître leur histoire dans laquelle on finit forcément par se reconnaître à un moment ou à un autre, comprendre ce qui les amène à vouloir vivre en communauté : avoir l’impression de vivre à contre-courant et en avoir marre, vouloir participer au bien-être commun, voir un sens à la vie autre que le boulot-dodo quotidien de la majorité et vouloir l’expérimenter au-delà des mots, ne plus vouloir être pris en charge, ne plus croire que ceux qui dirigent la barque veulent notre plus grand bien et donc croire en la nécessité de l’auto-suffisance et d’un mode de vie durable à tout les niveaux, vouloir participer activement voir prendre en charge l’éducation des enfants. Toutes ces idées sont marginales oui…. mais je m’étonne à constater qu’elles commencent à faire du sens en moi…

Tout juste avant l’ouverture du Open House, Daniel et moi avons visionné le documentaire ‘The Futur of Food’, une analyse et critique de l’industrie agro-alimentaire en Amérique et des aliments génétiquement modifiés, que sont-ils au juste, qui les fabrique et pourquoi? Étonnamment troublant, même pour Daniel qui en connaissait déjà pas mal sur le sujet. Saviez-vous que les OGM ne consistent pas seulement en des modifications de gènes mais que, pour modifier un gène dans un aliment, on y introduit une bactérie contenant le gène que l’on souhaite y ajouter? À une vitesse dangereuse, les OGM se répandent, au gré du vent littéralement, et les compagnies qui les possèdent taxent les agriculteurs dont la terre a reçu ces graines bien malgré eux. Un documentaire plutôt objectif et scientifique à voir selon nous, que vous soyez convaincus ou non.

Déjà après ce premier arrêt en ferme Wwoof, Daniel et moi sentons une différence en nous. Nous avons repris contact avec notre ancrage intérieur, notre ‘sol’, nos expériences, conversations et travaux quotidiens ont pris soin de le réengraisser et les graines commencent à germer. La vision de mon futur, de comment je souhaite bâtir mon environnement à notre retour au Qc, se modifie, pas dramatiquement…. encore, mais tout de même!

Après avoir fait nos adieux à la famille, nous revoici donc sur la route, pour quelques heures seulement, en direction de Merritt où nous nous poserons pour 10 jours de méditation Vipassanna. Mais avant, nous faisons un détour par le Sud pour traverser la région d’Osoyoos, le seul désert du Canada!! Nous vous en promettons quelques clichés, mais probablement pas d’ici les 2 prochaines semaines comme nous serons reclus dans le silence. En attendant, pourquoi ne pas prendre le temps de vous confectionner les petits desserts tout simples que nous avons découverts et que Daniel vous présente dans son article! J